La simulation en santé, voie d’avenir
La simulation en santé fait de plus en plus parler d’elle, sur tout le territoire et pour de plus en plus de professions de santé, en formation initiale comme en formation continue. Elle est désormais considérée comme une méthode pédagogique incontournable dans le développement des compétences, l’évaluation des pratiques et la gestion des risques en soins.
(Compte tenu de la situation actuelle liée au COVID-19, SANTEXPO est reporté du 7 au 9 octobre 2020)
Ce procédé est né aux États-Unis il y a une dizaine d’années, avant de gagner le Canada puis une partie de l’Europe dont la France. Dans l’Hexagone, la Haute autorité de santé (HAS) a estimé, dès 2012, qu’elle devait « être intégrée dans tous les programmes d’enseignement des professionnels de santé a toutes les étapes de leur cursus (initial et continu) ». Avec un « objectif éthique » clair : « jamais la première fois sur le patient »1.
C’est là tout l’intérêt de la simulation en santé : les professionnels médicaux et paramédicaux, plongés dans un environnement de travail réaliste, seuls ou en équipe, peuvent se former à des procédures, à des gestes ou à la prise en charge de situations avant de les éprouver « en vrai ». Autre avantage : leurs interventions sont enregistrées puis analysées afin qu’ils puissent faire le point sur leurs pratiques et/ou reconstituer des événements indésirables pour améliorer la qualité et la sécurité des soins qu’ils prodiguent.
Des mannequins high-tech
Les techniques sont multiples. Des comédiens viennent parfois aider les praticiens ou futurs praticiens à mieux appréhender les annonces de maladies graves ou plus simplement à travailler autour de la relation médecin-malade. Dans d’autres cas, des mannequins dits intelligents, dotés de logiciels sophistiqués, sont capables de simuler des réactions humaines (pleurs, cris de douleur…) et des complications (convulsions, arrêt cardiaque…) dans à peu près toutes les disciplines. Y compris en gynécologie obstétrique puisque certains miment des accouchements évidemment semés d’embûches (hémorragies, bébé bloqué au niveau du bassin…) ou en odontologie.
Au sein de la Faculté de chirurgie dentaire de Strasbourg, un mannequin high-tech de haute-fidélité, piloté par un enseignant installé dans une cabine dotée d’un miroir sans tain, réagit ainsi de façon réaliste aux soins qu’on lui prodigue. Ces simili patients ont toutefois un coût : 100 000 euros pour le mannequin de Strasbourg… 250 000 euros pour le dernier simulateur électronique de pointe acquis par le Medical Training & Testing Center (MTC) de Rouen2 et qui permet de s’entraîner au cathétérisme cardiaque. Reste, toutefois, un large panel de logiciels permettant aux professionnels de santé de s’immerger dans une salle de soins, une salle d’opération ou encore une salle d’attente !
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Un risque d’erreur sans conséquence
Ces formules séduisent les centres de formation privés, les universités et les écoles de formation des paramédicaux. La Faculté de médecine de Montpellier-Nîmes a ainsi créé, avec le CHRU de Nîmes, une plateforme de simulation intégrant un ensemble de spécialités médico-chirurgicales comme les urgences, la pédiatrie, l’anesthésie-réanimation, la gynécologie-obstétrique, l’ORL, le digestif, l’urologie ou encore la gastro-entérologie.
L’Université de la Sorbonne a également son propre laboratoire de simulation. Sur place, les apprentissages disponibles vont de la « maîtrise de gestes techniques tels que les sutures, les poses de drain, l’intubation difficile » à celle « des compétences de travail en équipe autour d’un cas d’urgence vitale », précise le site web de l’institution. Ledit laboratoire permet également « d’entraîner les futurs médecins à la communication, à l’aide de “patients simulés” ». Il recourt également à des « logiciels perfectionnés pour enseigner l’anatomie, la physiologie puis les gestes chirurgicaux », par exemple.
Grâce à ce type d’apprentissage, « le risque d’erreur est sans conséquence », explique Anthony Jamar, Business Developer chez My Serious Game. Convaincue de ses vertus, la start-up tourangelle a développé IFSImulation, une solution dévoilée lors de la Paris Healthcare Week 2018 qui équipe désormais une dizaine d’écoles infirmières de l’Hexagone. « Installés face à un écran d’ordinateur, les étudiants évoluent dans un univers en 3D », au cœur de l’un des quinze scénarios proposés, précise Anthony Jamar. Sans indications sur ses performances, dans un premier temps, l’étudiant « peut enchaîner les actions, se tromper, passer à côté d’informations, sans être bloqué dans la simulation, pour finalement comprendre les conséquences de ces actions lors du débriefing avec le formateur ».
L’ère de la réalité virtuelle et de l’IA
Le Pr Jacques Marescaux prédit un bel avenir à cette méthode d’enseignement. « D’ici quelques années, il ne sera sans doute plus question, pour les chirurgiens, de travailler sur des cadavres ou des animaux, prédit le Président de l’Institut de recherche contre les cancers de l’appareil digestif (Ircad) à Strasbourg. Nous nous perfectionnerons à l’aide de logiciels. L’essor de la réalité virtuelle nous y aidera. Elle nous permet déjà, par exemple, de transformer une image 2D d’un scanner en une image 3D interactive et, ainsi, d’élaborer et de préciser nos stratégies chirurgicales. »
L’Intelligence artificielle (IA) est également très prometteuse. « Grâce à elle, la reconstruction anatomique d’un organe en 3D sera de plus en plus rapide », poursuit Jacques Marescaux. En outre, elle pourra, à terme, être utilisée « pour déclencher une alarme lorsque le chirurgien, en formation ou en pleine opération, n’effectue pas un geste conforme au gold standard », par exemple. En somme, elle sera ainsi un « support de poids pour les chirurgiens et in fine, les malades ».
> Pour vous en faire une meilleure idée, rendez-vous sur SANTEXPO qui se tiendra du 26 au 28 mai 2020 à Paris, Porte de Versailles.
1 « État de l’art (national et international) en matière de pratiques de simulation dans le domaine de la santé », rapport de la Haute autorité de santé, janvier 2012.
2 Créé en partenariat avec le CHU et l’Université de Rouen.
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