Mais que font les conseillers en transition énergétique et écologique en santé ?
2 %. C’est, selon l’Agence de la transition écologique (Ademe), la part de la consommation d’énergie des établissements sanitaires et médico-sociaux (ESMS) dans la consommation nationale. Afin de répondre à l’obligation réglementaire Éco Énergie Tertiaire qui les enjoint à réduire leur consommation énergétique (voir encadré), les ESMS peuvent désormais compter sur un nouveau métier – le conseiller en transition énergétique et écologique en santé (CTEES).
Mais qu’est-ce qu’un CTEES exactement ? Quels sont son rôle et ses missions ? Explications.
Fruit d’un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) lancé à l’automne 2021 par l’Agence nationale d’appui à la performance (Anap), la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) et la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS), la mise en place des 151 conseillers en transition énergétique et écologique en santé, prévue pour une durée de 4 ans, a démarré au printemps 2022.
Financé à hauteur de 10 millions d’euros annuels par la DGOS et la CNSA, « cet AMI porte sur la mutualisation de compétences en matière de sobriété et d’efficacité énergétiques à l’échelle d’un groupement d’établissements sanitaires et médico-sociaux autour d’un établissement porteur », explique Camille Devroedt, responsable de projet RSE et Développement durable en santé à l’Anap.
Les objectifs
Les conseillers doivent accompagner 5 000 structures sanitaires et médico-sociales
Leur rôle : permettre la mise en place d’une politique et d’une démarche de développement durable dans les ESMS en faisant bénéficier tous les établissements du groupement de ces compétences mutualisées. Si la collecte de données est encore en cours, « plus de 3 000 établissements médico-sociaux et 800 établissements sanitaires sont engagés dans le dispositif grâce 97 CTEES déjà recrutés sur les 151 postes ouverts », détaille Camille Devroedt. Les profils recrutés sont différents selon les territoires, le terrain, la typologie et les besoins de chaque groupement.
Des missions en phase avec l’actualité
Décarbonation avant tout ! Les CTEES ont une mission d’expertise et d’aide à la décision.
Le dispositif a été lancé avant la crise énergétique. Mais la situation donne encore plus d’impact aux missions des conseillers. Et pour cause. La mission essentielle des CTEES consiste à accompagner un ensemble d’établissements dans les actions menées pour réduire leur empreinte carbone.
« Ils ont des périmètres extrêmement larges avec parfois jusqu’à 50 établissements à accompagner », explique Camille Devroedt. Si certains ont été expressément recrutés afin de mettre en œuvre des actions, la plupart des CTEES a plutôt une fonction de conseil, avec une large part d’audit énergétique en début de mission puis de suivi, d’analyse et de déclinaison des plans d’action. Ils ont vraiment une mission d’expertise et d’aide à la décision. Ils interviennent aussi sur le montage des dossiers de financement et s’assurent de la pérennisation et du suivi à long terme des objectifs. « Leur but est vraiment d’amorcer le dispositif, de provoquer l’étincelle », résume l’experte de l’Anap.
Une dynamique de réseau
Des coordinateurs, un réseau et des partages d’expérience.
Parmi les postes de CTEES financés figurent une quinzaine de coordinateurs : véritables acteurs pivots au niveau régional, il leur incombe la coordination avec les acteurs à l’échelle du territoire (ARS, Ademe etc.) ainsi que les liens avec l’Anap. Celle-ci, qui a fait du développement durable un axe stratégique au service de la performance, assure en effet l’accompagnement et le conseil des structures porteuses, en produisant notamment des outils (construction des fiches de postes par exemple). Elle endosse également le rôle de coordinateur en allant à la rencontre des établissements.
Et l’agence coordonne également les actions des CTEES au niveau national : « L’Anap s’occupe de l’animation et la dynamisation du réseau », rappelle Camille Devroedt. Le partage d’expérience en est l’un des ciments : « l’entraide est vraiment le mot d’ordre de notre réseau », conclut Camille Devroedt.
Les conseillers en transition énergétique et écologique en santé (CTEES) sont les membres d’un véritable « commando Développement durable » au service des établissements de santé. De quoi conforter le basculement des équipes des établissements vers une prise en compte de cette question placée dorénavant au cœur de l’activité comme en atteste l’omniprésence du sujet à SantExpo.
Éco Énergie Tertiaire, une obligation réglementaire
Issue du décret tertiaire paru en 2019, Éco Énergie Tertiaire est une obligation réglementaire engageant vers la sobriété énergétique les acteurs du tertiaire dont les bâtiments, parties de bâtiments ou ensemble de bâtiments présentent une surface d’activité supérieure ou égale à 1 000 m2. Afin de lutter contre le changement climatique, cette disposition leur impose une réduction progressive de la consommation d’énergie de 40 % d’ici 2030, 50 % d’ici 2040 puis 60 % d’ici 2050. Pour y parvenir, les actions déployées vont au-delà de la seule rénovation énergétique des bâtiments et concernent également la qualité et l’exploitation des équipements, le comportement des usagers…
En pratique, 4 leviers d’action ont été identifiés pour réduire la facture énergétique des établissements :
- Améliorer la performance énergétique via des travaux sur l’enveloppe du bâti ;
- Installer des équipements performants et des dispositifs de contrôle et de gestion active de ces équipements ;
- Optimiser l’exploitation des équipements ;
- Adapter les locaux à un usage économe en énergie et inciter les occupants à adopter un comportement écoresponsable.
Témoignage
« Notre but est vraiment de mutualiser les actions et les retours d’expériences »
Kaoutar Hadjam, Coordinatrice régionale de la transition énergétique et écologique en santé Île-de-France, GHU Paris psychiatrie et neurosciences.
« Le périmètre d’action des CTEES recouvre des tâches polyvalentes et variées, agissant sur tous les aspects de la vie des établissements. En tant que conseillère au sein du GHU Paris psychiatrie et neurosciences, j’appartiens au département Technique et transition énergétique, ce qui m’amène à collaborer avec toutes les parties prenantes de l’établissement : techniciens, ingénieurs, soignants, équipes administratives, usagers, etc. En effet, la transition énergétique recouvrant tous ces pans, une communication incluant tous les acteurs est cruciale pour mener une vraie stratégie énergétique dans les établissements. En pratique, plusieurs études sont en cours sur mon groupement dont l’une vise l’utilisation potentielle de la géothermie pour chauffer et refroidir les établissements. Nous travaillons aussi sur les installations (abris de vélos, système de récupération des eaux de pluie), l’isolation et le raccordement aux réseaux de chaleur.
Je suis également coordinatrice des CTEES d’Île-de-France. Parmi mes missions figure le renforcement des liens entre les conseillers au niveau régional et avec l’Anap au niveau national. Il y a également un aspect de veille réglementaire et financière. Notre but est vraiment de mutualiser les actions et les retours d’expériences pour les dupliquer sans perdre de temps.
C’est un réseau très fort et très actif. L’un de ses points forts réside en la diversité et la complémentarité des profils qu’il rassemble (génie électrique, développement durable, énergie, gaspillage alimentaire, recyclage des déchets…), aussi bien issus du secteur privé que public, de la santé que du médico-social. Chaque conseiller apporte son expérience et bénéficie de celle des autres. »