Des métiers revalorisés pour des Ehpad redynamisés
Présentées fin 2019 en amont de la loi sur la réforme du grand âge, la plupart des préconisations contenues dans le rapport de Myriam El Khomri, intitulé « Plan de mobilisation nationale en faveur de l’attractivité des métiers du Grand âge », sont de nature à donner un second souffle aux Ehpad, en particulier publics. Elles incitent en effet les pouvoirs publics à augmenter les effectifs, à rendre les métiers plus attractifs et à faire en sorte que les professionnels exercent leurs missions dans un contexte de travail plus favorable, tout en étendant leurs compétences et responsabilités.
(Compte tenu de la situation actuelle liée au COVID-19, SantExpo est reporté du 7 au 9 octobre 2020)
92 300 emplois supplémentaires d’ici 2026
L’urgence veut d’abord que les Ehpad disposent des effectifs soignants nécessaires pour assurer l’accompagnement des résidents, ne plus être en « flux tendu » et améliorer durablement les conditions de travail des professionnels. Myriam El Khomri et ses co-auteurs l’ont bien compris et proposent d’ouvrir 18 500 postes supplémentaires par an d’ici 2024. Cette ambition implique, en amont, d’affecter des « financements massifs » pour créer, d’ici 2024, près de 92 300 emplois supplémentaires d’aides-soignants et d’accompagnants en Ehpad et à domicile. L’augmentation du taux d’encadrement est une « nécessité incontournable pour garantir aux professionnels des conditions décentes d’intervention », insiste le rapport. Nul ne prétendra le contraire.
Cette demande de moyens supplémentaires s’ajoute aux besoins déjà connus : le rapport précise que ces recrutements devront s’ajouter aux 60 000 postes qui sont actuellement non pourvus et aux quelque 200 000 départs en retraite prévus dans les cinq prochaines années. Ce sont donc environ 352 600 aides-soignants et accompagnants qu’il est nécessaire de recruter et de former. En particulier via la mise en place de plates-formes départementales des métiers du grand âge qui auraient une mission de guichet unique et de sécurisation des recrutements.
Plus d’attractivité, plus de compétences
Pour parvenir à remplir ces objectifs, encore faut-il que les métiers proposés fassent envie et ne soient pas difficilement accessibles. Dans cette optique, le rapport piloté par Myriam El Khomri propose de moderniser les modalités d’accès aux formations et de changer l’image des métiers : faciliter l’accès aux personnes non titulaires du Bac via Parcoursup, gratuité des formations, suppression de tout quota national pour les entrées en formation d’aide-soignant, valorisation de la Validation des acquis de l’expérience (VAE), faciliter l’accès des aidants professionnels à une formation spécifique d’assistant de soins en gérontologie (140 heures) … Il s’agit aussi de donner des perspectives d’évolution de carrière et de se pencher sur le niveau des rémunérations.
Le rapport prend acte de l’évolution des métiers et des missions ainsi que de la réalité des situations de dépassement de fonction. La mesure 46 du rapport préconise de reconnaître certains glissements de tâches entre infirmiers et aides-soignants et de les sécuriser dans le cadre de protocoles nationaux habilitant les seconds ainsi que les accompagnants à les pratiquer.
Par ailleurs, pour initier un mouvement de hausse généralisée des compétences, en particulier en Ehpad mais pas seulement, il s’agirait de reconnaître l’intérêt de la pratique avancée en gérontologie et de soutenir son développement. Cela permettrait de valider davantage l’expertise des infirmiers et de mieux couvrir les besoins de prise en charge des personnes âgées. Les Ehpad pourraient alors recruter, à compter de 2021, des Infirmières en pratiques avancées (IPA) en gérontologie formées sur la base d’un référentiel comportant un socle commun avec le référentiel « Pathologies chroniques stabilisées ».
Mieux travailler
Enfin, l’un des enjeux identifiés et traités dans le rapport est celui de la qualité de vie au travail. C’est là une des façons de répondre à la question de l’attractivité mais aussi à la problématique du turn-over parfois important dont souffrent certains établissements. Pour les auteurs du rapport, cela doit passer autant par des actions menées sur le plan national, par exemple un programme national de lutte contre la sinistralité des métiers du secteur, que des actions concrètes d’investissement dans des équipements et des nouvelles technologies permettant de réduire la pénibilité au travail.
Comme le souligne la FHF, si ces préconisations doivent encore se traduire « dans les faits dans le cadre de loi Grand âge et Autonomie annoncée », le rapport de Myriam El Khomri, comme celui de Dominique Libault, est porteur d’espoir et d’une dynamique positive pour la prise en charge des personnes âgées dépendantes… Dynamique qui se vérifiera auprès des acteurs du secteur présents à SantExpo en mai prochain.
> Pour vous en faire une meilleure idée, rendez-vous sur SantExpo qui se tiendra du 26 au 28 mai 2020 à Paris, Porte de Versailles.
La FHF demande une dynamique égalitaire
Dans un contexte qui voit le secteur médico-social public pâtir d’une « réduction drastique des aides publiques à l’investissement », la FHF réclame que, tout comme les Ehpad des secteurs commercial et privé non lucratif, le secteur public bénéficie, lui aussi, d’une part, de l’abattement de charges sociales de 6 points mis en place en remplacement du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et du Crédit d’impôt sur la taxe sur les salaires (CITS) ; d’autre part, du renforcement des allègements généraux de cotisations sociales de 4,05 points pour les rémunérations inférieures à 1,6 Smic. Cette option n’a pas été retenue dans le rapport de Myriam El-Khomri. Pour la FHF, ce serait pourtant une « mesure d’équité entre le secteur public et privé » qui permettrait « de recruter de milliers d’emplois dans le secteur public et d’investir en vue de l’amélioration de la qualité de vie au travail, de la transformation du bâti et de l’innovation technologique ».